Pierre Louys - Fellatrices

Publié le par Dolmancé

Fellatrices



Les cheveux ont pleuré sur les mamelles tristes
Mais les ventres ont ri silencieusement
Profonds et grands ouverts sans un tressaillement
Comme des fourreaux noirs constellés d’améthystes.
 

Les bouches ont pleuré sur la douleur des seins
Mais les longs yeux ont ri d’un mystérieux rire
Et les bouches en pleurs guérirent leur martyre
Au rire chaud des ventres sur les grands coussins.


Or, quand les ventres sur les bouches brûlantes
Eurent pleuré le flot sanglant des larmes lentes
On sécha leur tristesse au deuil des lourds cheveux.


Mais les bouches riaient dans les larmes aimées
Et baisaient l’une l’autre avec de lents aveux
La saveur de la chair sur leurs lèvres charmées.


  1891
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