SADE

Publié le par Dolmancé

    Justine (extraits)

Partie 1


La première voiture était une berline allemande, attelée de six chevaux, dans laquelle se trouvaient monsieur et madame de Verneuil, Cécile et Victor, leurs enfants ; la seconde était une grande calèche, occupée par une très belle femme de quarante ans, la fille de cette femme, superbe créature de vingt-deux, et deux enfants de cette jeune femme, âgés de six et sept ans, tous deux nés de Verneuil. Le petit garçon se nommait Lili ; la jeune fille, Rose ; il était impossible de voir rien de plus délicieux que ce petit couple. Deux grands garçons, de vingt à vingt-deux ans, faits comme Hercule, et beaux comme l'Amour, remplissaient les deux autres places, sous le titre de valets de chambre de M. de Verneuil.
    Les dames et les enfants, promptement installés dans leurs appartements s'y retirèrent ; et Gernande conduisit Verneuil chez d'Esterval, où Bressac s'était rendu pour recevoir cette visite.
    - Voilà un charmant neveu que tu ne connais pas, dit Gernande à son frère ; embrassez-vous, mes amis ; quand on se ressemble aussi bien, on doit être dispensé de tout compliment. L'aimable personnage que vous voyez là, poursuivit Gernande en montrant d'Esterval est un ami de mon neveu, qui l'a accompagné chez moi... C'est un homme dans la maison duquel je ne te conseillerais pas de coucher ; car il égorge tous ceux qu'il reçoit... Eh bien ! es-tu content de la société que je te donne ?
    - Enchanté, dit Verneuil en embrassant d'Esterval, qui, présentant aussitôt lui-même sa femme à Verneuil, assura que celle qui a l'honneur de le saluer est, quoique femme, en état de figurer avec le plus scélérat des hommes.
    - Voilà qui va le mieux du monde, mes amis, dit Verneuil ; le vois qu'avec une aussi charmante société, nous passerons ici quelques jours agréablement.
    Quatre gitons entrèrent aussitôt pour savoir si M. de Verneuil n'avait pas besoin de leurs services.
    - Ah ! volontiers, dit Verneuil ; la voiture m'a échauffé ; il y a deux heures que je bande comme un diable ; voyez, dit-il, en posant sur la table un outil d'une grosseur et d'une longueur effrayantes... Allons, je vous suis, mes enfants. Ces messieurs trouveront bon que je perde un peu de foutre avant que de faire une plus grande connaissance avec eux.
    - Permettez à ma femme de vous aider, monsieur, dit d'Esterval ; personne n'a plus d'art et de ressources dans l'esprit... son imagination vous plaira.
    - Volontiers, dit Verneuil ; je ne serais même pas fâché d'y joindre la jeune fille qui nous a reçus... quelle est-elle ?
    - C'est Justine, mon oncle, dit Bressac ; une héroïne de vertu, un individu tout sentimental, et dont les mœurs et les infortunes forment, avec nos principes, les plus singulières oppositions. Gernande en a fait la demoiselle de compagnie de sa femme ; elles pleurent, elles prient, elles se consolent ensemble, et nous molestons tout cela.
    - Ah ! délicieux !... délicieux ! Parbleu, mon frère, fais-moi monter cette fille, je m'en servirai.
    - Mais, mon oncle, dit Bressac, si vous passiez chez madame de Gernande, il me semble que cela vaudrait mieux ; tous les objets qui peuvent vous flatter se trouveraient réunis là, et votre décharge serait plus complète.
    - Mon neveu a raison, dit Verneuil ; mais il ne sait pas que le plaisir de faire connaissance avec lui me presse encore plus que tout.
    Et, l'entraînant dans un cabinet, il le baise, il le déculotte, il le caresse, lui manie le cul, lui branle le vit, le sodomise, s'en fait foutre ; et tout cela sans perdre une goutte de sperme. Puis, revenant dans la société, il y fait de son neveu les plus pompeux éloges.
    - Voyez comme il m'a mis, dit-il en menaçant le ciel d'un vit énorme, qu'il branlottait tout en causant, je foutrais Dieu le père à présent s'il se présentait devant moi. Allons, mon frère, passons chez ta femme ; j'y conduirai madame, dit-il en parlant de Dorothée, cette jeune fille, que vous appelez Justine, et deux bardaches ; cela me suffira. Mon foutre est là, vous le voyez, continua-t-il en montrant du doigt la goutte exhalée de la tête ; je n'ai besoin que des plus légers efforts pour le faire jaillir à dix pieds. Peu s'en est fallu que je le laissasse dans le cul de mon neveu ; mais la garce est si large...
    - Déjeunes-tu avant ? dit Gernande.
    - Non, nous sortions de table quand nous sommes arrivés ; j'ai plus besoin de me salir l'imagination que de manger, nous réparerons, après, ce que aurai perdu.
    Justine, envoyée par son maître chez madame de Gernande, vint avertir M. de Verneuil que, malgré l'état d'affaiblissement dans lequel se trouvait sa maîtresse, qui venait de perdre six palettes de sang, il n'y avait pas une heure, elle allait, soumise aux volontés de son époux, recevoir la compagnie qu'on lui annonçait.
    - Ah, ah ! tu viens de la saigner ! dit Verneuil, tant mieux ; j'aime infiniment à la voir dans cet état. Approchez, jeune fille, poursuivit-il en troussant Justine, pour lui prendre les fesses, venez ; je serai fort aise aussi de voir votre cul ; je le crois joli. Messieurs, continua-t-il en s'adressant à Gernande, à Bressac et à d'Esterval, je vous invite, pendant ce temps, à passer chez ma femme ; pardon, si je ne vous y présente pas ; mais soyez sûrs de sa soumission ; je vous exhorte à ne pas plus vous gêner chez moi que je ne vais le faire chez vous.
    - Eh bien, dit Verneuil en entrant chez madame de Gernande, soutenu par ses bardaches, suivi d'une vieillie, et dans l'état du monde le plus immodeste, vous mécontentez donc toujours mon frère ? Il ne cesse de me porter des plaintes contre vous, et je n'arrive jamais que pour l'aider à vous mettre à la raison. Voilà madame, poursuivit-il en montrant Dorothée, qui, témoin de votre mauvaise conduite, vient de me certifier des choses qui devraient vous valoir les plus cruels tourments, si mon frère, moins livré à sa bienfaisance, écoutait un peu plus sa justice ; allons, déshabillez-vous.
    Et Justine, exécutant l'ordre, offre, en un instant, sa pudique maîtresse aux regards effrontés de ce scélérat.
    - Mettez-vous toutes deux dans le même état, dit Verneuil en s'adressant à Justine et à Dorothée, et, surtout, déguisez les cons. Pour vous, mes beaux enfants, continua-t-il en parlant aux bardaches, n'ôtez que vos culottes ; le reste de vos habits vous parant au lieu de vous nuire, vous pouvez les garder ; j'aime tout ce qui me rappelle un sexe que j'idolâtre : si les femmes avaient des habits d'homme, je ne les ferais peut-être pas ôter.
    Tout le monde obéissait ; Justine seule faisait quelque résistance, mais un coup d'œil effrayant de l'homme le plus terrible et le plus rébarbatif qu'elle eût encore vu la détermina promptement. Verneuil place Justine et madame de Gernande, agenouillées toutes deux sur le bord du canapé, les fesses tournées vers lui, et les laisse un moment là, pendant qu'il examine le cul de Dorothée.
    - Foutre ! madame, lui dit-il, vous êtes faite à peindre... c'est le corps d'un bel homme ; j'aime à la folie ce poil qui l'ombrage, je le baise avec un vrai plaisir... j'adore ce brun de l'orifice de votre cul... il prouve de l'usage... écartez, que j'y mette ma langue ; oh ! comme vous êtes large... que j'estime cette preuve authentique de la dépravation de vos mœurs... vous aimez quand on vous encule ? vous idolâtrez le vit au cul... il n'y a que cela madame... il n'y a que cela ; voilà mon cul, que je vous offre, il est de même... il est excessivement large...
    Et Dorothée, baisant avec délices le cul de Verneuil, lui rendait amplement les gamahuchades qu'elle en avait reçues.
    - Vous me plaisez infiniment, madame, poursuivit Verneuil ; il ne vous reste plus, pour achever de me tourner la tête, que d'accepter la proposition que je vais vous faire, et sans l'accord de laquelle tout votre art ne réussirait peut-être pas à faire jaillir mon sperme. Vous êtes riche, dit-on, madame, eh bien, en ce cas, il faut que je vous paie ; si vous étiez pauvre, je vous volerais. Dans la circonstance contraire, il faut que vous ne vous prostituiez à moi que pour une somme très forte. Il faut que vous cachiez cette clause à votre mari, et que vous m'assuriez que la somme que je vais vous donner ne sera employée par vous qu'à des dépenses libertines, il faut que vous me juriez surtout que pas un écu n'en sera destiné pour de bonnes œuvres... que vous n'en payerez, en un mot, que le crime... Que dites-vous de ma passion ?
    - Elle est singulière, monsieur ; mais croyez que j'ai assez de philosophie pour ne me surprendre d'aucune. J'accepte vos propositions ; j'aurai de mon côté mille fois plus de plaisir à m'amuser avec vous, et je vous fait le serment le plus sacré de ne dépenser votre argent qu'en débauches.
    - En infamies, madame, en infamies.
    - En tout ce qu'il y aura de plus affreux, je vous le jure.
    - Eh bien ! madame, voilà cinq cents louis, êtes-vous contente ?
    - Non, monsieur, ce n'est pas payer.
    - Ah ! délicieuse ! divine ! enchanteresse ! s'écria Verneuil ; en voilà mille de plus et vous êtes la plus aimable femme que j'aie connue de mes jours ! Ah ! putain, je triomphe, et tu es à moi maintenant... Gitons, branlez mon vit, pendant que je manie le cul de cette garce, vous, victimes, restez sous mes yeux... Eh quoi ! madame, quelque chose repousse ce mouchoir ; je n'ai cru déguiser qu'un con, je découvre un vit. Foutre ! quel clitoris... Retirez, retirez ce voile ; bien plus homme que femme, l'illusion m'est permise : vous n'avez besoin de rien cacher.
    Et le paillard branlait, suçait cette excroissance, assez majestueuse pour mettre celle qui la possédait en état de remplir avec succès tous les rôles d'un homme.
    - Vous devez être libertine au dernier degré, madame, poursuivit Verneuil ; vous devez avoir tous nos goûts.
    Et il lui enfonçait, en disant cela, trois doigts dans le cul, dont l'effet électrique fit aussitôt lever ce clitoris, au point que Dorothée voulut foutre un giton. Verneuil aide à l'entreprise, et claque vigoureusement les fesses de la Messaline au moment qu'elle agit.
    - Voulez-vous que je vous moleste ? lui dit-il ; je ne le demande point aux victimes, mais à vous...
    - Faites ce qu'il vous plaira de mon cul, dit Dorothée ; il ne vous est offert que pour tout endurer.
    Verneuil lui pince alors les fesses d'une si cruelle force, que la putain décharge à l'instant.
    - Eh bien ! poursuit-il en la voyant pâmer, convenez qu'il n'y a que le supplice pour hâter l'éjaculation. Sacrificateur ou victime, je ne connais que cela pour arriver au but.
    - Et ces culs, dit Dorothée, ces culs que vous avez mis là, vous ne vous en occupez donc point ?
    - L'état où je vais les mettre vous prouvera bientôt le contraire, dit Verneuil. Et, s'approchant d'eux : Voyons, dit-il, laquelle de ces deux femmes sera la plus courageuse.
    Il pince en même temps, à la fois et d'une manière cruelle, le téton droit de madame de Gernande et la fesse gauche de Justine. Quoique les ongles se fussent imprimés dans les chairs de celle-ci, elle tint ferme. Il n'en fut pas de même de madame de Gernande. Le traître lui avait tellement froissé le bout du téton, elle se trouvait d'ailleurs si faible qu'elle tomba presque évanouie.
    - Oh ! c'est divin ! dit-il à Dorothée en lui suçant le clitoris ou la bouche, et toujours en lui branlant le trou du cul, c'est délicieux ! voilà de ces hauts-le-corps que j'aime à la folie... Et vous, madame, bandez-vous en voyant souffrir ?
    - Vous le voyez, monsieur, répondit la tribade en montrant le bout de ses doigts inondés du foutre de son con ; vous voyez que nous agissons je le crois, à peu près dans les mêmes principes.
    - Je le répète, madame, il n'y a que la douleur pour faire décharger.
    Et le paillard, entre les bardaches et Dorothée, s'irritait, s'enflammait, comme le taureau prés de la génisse.
    - Sotte créature ! s'écria-t-il en saisissant sa belle-sœur d'une main, et s'emparant de l'autre d'une discipline à cordelettes de boyaux très noueux, qu'il avait toujours dans sa poche, femme pusillanime, tu ne sais donc rien souffrir ? et bien ! tu seras punie de ta faiblesse.
    Et plaçant son vit furieux entre les mains de Justine, il lui ordonne de le branler, pendant que Dorothée, qu'il arme d'une seconde discipline, va rendre à son cul ce qu'il est prêt à entreprendre sur celui de sa belle-sœur, et que les ganymèdes exposeront leurs fesses à ses regards. L'opération commence. Le fouet, activement et passivement distribué, était une des plus vives passions de Verneuil ; vingt-trois minutes de suite son bras vigoureux se déploie sur le beau cul de la Gernande ; elle est déchirée depuis le milieu des reins jusqu'aux talons ; on le lui rend avec usure ! le sang jaillit de toutes parts : rien n'était aussi singulier comme ce mélange d'invectives d'un côté, de plaintes et de cris de l'autre. Trop occupée de sa besogne pour écouter la voix de son cœur, la malheureuse Justine secouait, tant qu'elle le pouvait, l'énorme instrument, dont on lui avait confié le soin, sans oser demander la grâce de sa maîtresse. Ce n'est pas qu'elle n'eût détourné ces coups terribles, si elle eût cru pouvoir le faire ; mais l'inflexibilité de l'âme des scélérats commençait à lui être trop connue pour qu'elle entreprit de fléchir celui-ci. Verneuil s'aperçoit pourtant de la maladresse de sa branleuse.
    - Qu'est-ce donc que cette petite putain-là ? dit-il en s'emparant d'elle ; ah ! garce, je vais t'apprendre si c'est ainsi qu'on branle un vit comme le mien.
    Et le remettant aux mains de Dorothée, ce n'est qu'à elle qu'il s'en rapporte sur la manière dont il faut doubler ou diminuer à propos les titillations du plaisir, pendant qu'à grands coups de martinet, le scélérat maltraite à outrance les douces et délicates fesses de notre intéressante Justine.
    Aucun des instruments dont elle avait été flagellée dans son cours de libertinage, ne l'avait molestée comme celui-là ; chaque cinglon, s'imprimant d'une ligne au moins dans les chairs, y laissait, avec une épouvantable douleur, des traces aussi sanglantes, que si l'on se fût servi d'un canif. En un instant, elle est toute meurtrie. Verneuil alors fixe ses deux victimes l'une à l'autre, en les attachant ventre contre ventre ; et, toujours branlé par Dorothée, il leur applique une seconde flagellation, en frappant tant qu'il a de forces, tantôt sur l'une, et tantôt sur l'autre. Ici la Gernande, affaiblie de ses trois saignées du matin, chancelle, perd connaissance, tombe en entraînant Justine avec elle ; et les voilà toutes deux à terre, nageant dans les flots du sang que leur bourreau vient de faire jaillir. Verneuil coupe aussitôt les liens, et, se précipitant sur sa belle-sœur, il a l'art de la rendre à la vie, au moyen du nouveau tourment d'une jouissance, qui toute naturelle qu'elle est, n'en déchire pas moins cette malheureuse femme, par l'étonnante disproportion qui se trouve entre elle et son agresseur.
    - Fouettez-moi ! fouettez-moi ! madame, s'écrie Verneuil à Dorothée ; campez Justine sur mes reins, et déchirez-nous tous les deux.
    Parfaitement servi par Dorothée, et bien mieux peut-être encore par la monstruosité de ses opérations, le vilain faune écume... blasphème, et décharge en jetant les hauts cris... en prouvant enfin à tout ce qui l'entoure, que, si la nature l'a mieux membré que son frère, elle lui a départi de même, et la quantité du sperme, et les crises de volupté dans un degré bien supérieur.
    - Eh bien ! madame, dit-il à Dorothée, comment me trouvez-vous dans le libertinage ?
    - Superbe, monsieur, répondit celle-ci ; mais je ne croyais pas que vous foutiez des cons.
    - Je fous tout, mon ange, je fous tout ; et pourvu que mon vit monstrueux blesse ou déchire, ce qu'il pourfend me devient égal.
    - Mais, vous préférez le cul cependant ?
    - Me feriez-vous l'injure d'en douter ? Faut-il, pour vous convaincre, enculer un bardache ?
    - Non, répond Dorothée, c'est mon cul qu'il faut foutre, si vous voulez me persuader ; le voilà, monsieur, foutez-le.
    Et le paillard, toujours en rut, est bientôt au fond de l'anus.
    - Vexez donc ces deux femmes pendant que je vous sodomise, madame, je vous en supplie, dit Verneuil.
    Et la putain, sans le faire répéter, plante à plaisir, pendant qu'on l'encule, ses ongles crochus dans les chairs et de Gernande et de Justine. Tous deux déchargent pendant que les victimes pleurent ; et chacun d'eux, en perdant son foutre, a mordu jusqu'au sang la langue du giton qu'il caressait pour s'exciter.
    - En voilà assez, madame, dit Verneuil à Dorothée, vous êtes une créature charmante ; je veux que nous renouvelions nos plaisirs.
    - Je vous en ferai goûter de toutes les espèces, monsieur, répondit Dorothée ; plus nous nous connaîtrons, mieux nous nous conviendrons, je m'en flatte.
    Tous deux furent rejoindre la société. Justine seule resta chez sa maîtresse.
    Les autres acteurs n'étaient point restés dans l'inaction pendant la scène qui venait de se passer ; mais, moins lestes que le frère de Gernande, moins pressés du besoin de perdre, ils n'en étaient encore qu'aux préliminaires, quand ils furent rejoints par Verneuil et par Dorothée. D'Esterval, Bressac et Gernande étaient chez madame de Verneuil. Les trois scélérats avaient fait déshabiller cette pauvre femme, sans lui donner le temps de se reposer du voyage. Le féroce Gernande persuadait à sa belle-sœur, qu'une saignée lui serait fort nécessaire, et servirait à la rafraîchir. On y allait procéder, quand les acteurs dont nous venons de peindre les ébats entrèrent chez madame de Verneuil. Cette belle femme, déjà nue, convainquit ceux d'entre les hommes qui ne la connaissaient pas, qu'il n'existait effectivement pas sur la terre une plus sublime créature. Pas un défaut dans les proportions ; et toute la fraîcheur, toutes les grâces de la déesse même de la beauté. Tant de droits à l'indulgence, à l'admiration générale, ne valurent pourtant à la belle-sœur de Gernande qu'un peu plus d'insultes et de mépris de la part de ces libertins et principalement de son frère. Après l'examen le plus complet des beautés de cette femme superbe, les insultes et les mauvais traitements commencèrent. Bressac et d'Esterval ne la ménageant pas plus que Gernande, la misérable victime fut tour à tour pincée, mordue, souffletée ; les belles chairs de sa gorge et de ses fesses furent meurtries en plus de vingt endroits ; elle fut obligée de présenter alternativement la bouche, le con, le cul. Gernande s'empare de la bouche ; Bressac enfile le cul, et d'Esterval le con ; Verneuil rencule Dorothée, et décharge une troisième fois, en maniant les fesses de son neveu qu'il ne cesse d'exalter et d'élever aux nues.
    - Dînons maintenant, mon ami, dit Verneuil à son frère ; il est temps de réparer nos forces. Les ivrognes, dit-on, ne font connaissance que le verre à la main ; il faut que les paillards ne la fassent que le vit au cul : le destin est rempli, ne nous en plaignons pas.
    Après le meilleur et le plus ample des repas, des promenades séparèrent toute la compagnie ; et M. de Gernande, ordonnant à Justine de le suivre eut avec elle, dans un cabinet du jardin, la conversation dont nous allons rendre compte.
    Il lui demande d'abord un récit circonstancié de tout ce que son frère avait fait à sa femme ; et comme Justine indiquait sans approfondir, il lui ordonna de dévoiler le tout avec la plus scrupuleuse attention. Justine détailla donc. Elle se plaignit d'avoir été traitée avec autant de rigueur que madame de Gernande.
    - Voyons, lui dit son maître...
    Et le paillard s'amusa longtemps de ce coupable et féroce examen.
    - Mais ma femme, dit le méchant homme, n'est pas au moins si maltraitée ?
    - Tout autant, monsieur.
    - Ah ! bon, c'est que je serais fâché que mon frère eût épargné cette putain.
    - Vous la détestez donc bien, monsieur ?
    - Infiniment, Justine. Je ne la garderai pas encore longtemps ; je ne vis de mes jours une femme qui m'inspirât plus de dégoût. Mais, sais-tu bien, ma fille, que Verneuil est beaucoup plus libertin que moi ?
    - Cela est bien difficile, monsieur.
    - Cela est : les plaisirs divins de l'inceste, améliorés par tous ceux de la cruauté, sont les plus chers à son âme corrompue. Tu n'imagines pas, Justine, qu'elle est sa volupté de choix ?
    - Des enfants, le fouet... des horreurs.
    - Tout cela ne sont que des épisodes ; l'inceste, je te le dis, ma fille, est le plus doux des plaisirs de mon frère. Tu le verras demain se vautrer dans ce crime de cinq ou six façons différentes. Cette belle créature que tu prends pour la femme de chambre de madame de Verneuil, dont l'âge est à peu près de quarante ans... eh bien ! Justine, c'est une de nos sœurs, une tante de Bressac, la sœur de sa mère dont tu pleuras si longtemps la mort occasionnée par son propre fils. C'est la famille d'Œdipe que la nôtre, ma chère Justine ; il n'y a pas un seul genre de crime dont on n'y aperçoive un exemple. Nous perdîmes nos parents fort jeunes ; des méchants prétendirent même que ce n'était pas sans que nous y eussions contribué : en vérité cela pourrait bien être ; nous nous permettions tant d'espiègleries... que celle-là pourrait bien être du nombre. Nous avions trois sœurs : l'une, établie avant la mort des auteurs de nos jours, est celle que moissonna Bressac ; la seconde périt victime de nos forfaits ; la troisième est celle que tu vois ; nous lui dérobâmes sa naissance. Élevée comme une fille destinée à servir, mon frère, en se mariant, la mit près de sa femme ; on la nomme Marceline. La jeune personne que tu prends de même pour une femme attachée à madame de Verneuil, est fille de Marceline et de mon frère, ce qui la rend à la fois et sa nièce et sa fille. Elle est la mère des deux petits enfants que tu as admirés, qui doivent également le jour à mon frère. Tous deux, comme tu le crois, ont encore leur pucelage ; et c'est ici où Verneuil a voulu qu'ils le perdissent ; de manière qu'en jouissant de la petite fille, il aura dans elle à la fois une fille, une petite-fille et une nièce. Rien ne l'amuse comme le brisement, le renversement de tous ces liens chimériques ; leur rupture est pour lui le plus grand des plaisirs : ne se contentant point de les heurter dans ses fruits naturels, il les brise de même dans ses enfants légitimes.
    - Je le savais, monsieur.
    - Mais il faut voir, Justine, comme il élève son fils, comme il lui fait bouleverser, à son exemple, toutes nos institutions sociales... Tu verras comme cet enfant traite sa mère, comme il a déjà foulé aux pieds tous les préjugés religieux et moraux. C'est un sujet délicieux, je l'adore ; je voulais coucher avec lui ce soir, mais son père veut qu'il se repose pour demain.
    - Pour demain, monsieur ?
    - Oui, demain nous célébrons une grande fête, c'est l'anniversaire de la naissance de ma femme ; peut-être voudrons-nous que les Parques coupent le fil au bout du fuseau... Qui sait ? Dieu lui-même, ce Dieu dont tu crois la fabuleuse existence, ne démêlerait pas... ne devinerait pas la fantaisie des scélérats qui nous ressemblent.
    - Oh ! monsieur, dit Justine avec inquiétude si j'étais assez heureuse pour que vous puissiez vous passer de moi dans les orgies que vous projetez ! N'aurez-vous pas assez de monde, et ne vous suis-je pas parfaitement inutile ?
    - Non, non, ta douce vertu nous est essentielle ; ce n'est que du mélange de cette qualité charmante et des vices que nous lui opposerons, que doit naître pour nous la plus sensuelle volupté. Ta tendre et chère maîtresse d'ailleurs aura besoin de ton secours... Il faut que tu t'y trouves, Justine... il le faut indispensablement.
    - Oh ! quelle corvée, monsieur... participer à tant d'infamies !... Savez-vous bien qu'il n'en est pas de plus affreuses que celles où se livre M. de Verneuil ?... corrompre ainsi sa propre famille !
    - Pourrais-je te demander, Justine, ce que c'est qu'une famille ; ce que l'on entend par ces nœuds sacrés, que les sots appellent les liens du sang ?
    - Est-il besoin d'une réponse à pareille demande, monsieur ? et peut-il exister un seul être au monde qui ne connaisse et ne respecte ces liens ?
    - Cet être existe, mon enfant, et je le suis. Persuade-toi bien, je t'en conjure, que rien n'est absurde comme ces prétendus liens ; convaincs-toi que nous ne devons pas plus à ceux de qui nous tenons le jour, que ceux-là ne peuvent nous devoir.
    - Monsieur, répondit vivement Justine, épargnez-moi tout ce que vous pourriez me dire sur cette matière ; j'ai été bercée de ces sophismes, et pas un ne m'a convaincue. Si l'inceste, l'un des plus grands crimes que l'homme puisse commettre, fait la base des voluptés de votre frère, il est, et sera toujours, sous ce rapport, l'être le plus atroce et le plus coupable à mes yeux.
    - L'inceste, un crime ! Ah ! mon enfant, dis-moi, je te prie, comment une action qui fait loi sur la moitié de notre globe, pourrait se trouver criminelle dans l'autre moitié ? Presque dans toute l'Asie, dans la plus grande partie de l'Afrique et de l'Amérique, on épouse publiquement son père, son fils, sa sœur, sa mère, etc. ; et quelle plus douce alliance que celle-là, Justine ? en peut-il exister qui resserre mieux les liens de l'amour et de la nature ? Ce fut dans la crainte que les familles, en s'unissant ainsi, ne devinssent trop puissantes, que nos lois en France ont érigé l'inceste en crime ; mais gardons-nous bien de confondre, et ne prenons jamais pour lois de la nature, ce qui n'est que le fruit de la politique. En adoptant même une minute tes systèmes sociaux, je te le demande, Justine, comment serait-il possible que la nature s'opposât à de telles alliances ? Ne resserre-t-elle pas les premiers nœuds qu'elle nous impose selon toi ? Peut-il être à ses yeux rien de plus sacré que le mélange du sang ? Ah ! prenons-y bien garde, Justine ; nous nous aveuglons sur ce que la nature nous dicte à cet égard ; et ces sentiments d'amour, fraternels ou filiaux, lorsqu'ils s'exercent d'un sexe à l'autre, ne sont jamais que des désirs lubriques. Qu'un père, qu'un frère, idolâtrant sa fille ou sa sœur, descende au fond de son âme, et s'interroge scrupuleusement sur ce qu'il éprouve, il verra si cette pieuse tendresse est autre que le désir de foutre ; qu'il y cède donc sans contrainte, et il sentira bientôt de quelles délices la volupté le couronnera. Or, quelles mains, je lui demande, quelles mains lui préparent cette surabondance de volupté ? si ce ne sont celles de la nature. Et si ce sont les siennes, est-il raisonnable de dire que ces actions puissent l'irriter ? Doublons, triplons donc ces incestes tant que nous pourrons, sans rien craindre ; et plus l'objet de nos désirs nous appartiendra de près, plus nous aurons de charmes à en jouir.
    - Voilà comme vous légitimez tout, vous autres gens d'esprit, répondit Justine ; mais si votre malheureux génie excuse vos passions dans ce monde, elles n'auront plus, en ce jour terrible où il vous faudra paraître devant le maître suprême de l'univers, un avocat si plein d'indulgence !
    - Tu prêches dans le désert, Justine, répondit Gernande, et tu n'opposes que des lieux communs à des vérités sans réplique. Va voir si mes gitons sont prêts ; conduis-les dans mon appartement ; je vais me retirer bientôt ; va, et prépare ta petite conscience et tes grands principes à voir exécuter demain d'étonnantes luxures.
    Madame de Gernande inquiète, épuisée, attendait Justine, à dessein de lui demander quelques détails sur ce qui se préparait pour le jour suivant. Notre héroïne crut devoir ne lui rien cacher.
    - Ah ! dit cette malheureuse épouse en versant un torrent de larmes, ce sera peut-être demain le dernier jour de ma vie ; il faut que je m'attende à tout, quand ces barbares se trouvent réunis. Ô Justine, Justine ! que ces gens sans mœurs, sans délicatesse, sans principes, sont des êtres dangereux sur la terre !
    Cependant, chacun s'arrange pour la nuit, et croit trouver au sein de la plus insigne débauche, les forces nécessaires à en commettre de bien plus horribles le lendemain. Verneuil coucha avec Dorothée, Gernande entre deux mignons, d'Esterval avec madame de Verneuil, et Bressac avec un des valets de chambre de son oncle.
    Dès le matin, les vieilles avaient préparé le plus beau salon du château ; on en avait garni le parquet d'un vaste matelas piqué à six pouces d'épaisseur, formant un tapis sur lequel se jetèrent deux ou trois douzaines de carreaux. Une large ottomane fut placée dans le fond de la pièce qu'entouraient tant de glaces, qu'il devenait impossible que les scènes qu'on allait exécuter dans ce superbe local ne s'y multipliassent pas sous mille et mille formes. Sur des tables roulantes d'ébène et de porphyre répandues ça et là, s'apercevaient tous les meubles nécessaires au libertinage et à la férocité : verges, martinets, nerfs de bœuf, lardoires, liens de cordes et de fer, godemichés, condoms, seringues, aiguilles, pommades, essences, tenailles, pinces, férules, ciseaux, poignards, pistolets, coupes de poisons, stimulants de toute espèce, et autres divers instruments de supplices ou de mort ; tout s'y voyait avec profusion. Sur un buffet énorme, en face de l'ottomane, à l'autre extrémité du salon, étaient symétriquement et abondamment disposés les mets les plus succulents et les plus délicats ; la plupart pouvaient se maintenir chauds sans qu'on s'en aperçût. Des carafes de cristal de roche, se mêlant aux porcelaines de Saxe et de Japon qui contenaient ces mets, renfermaient avec profusion les vins les plus exquis... les plus rares liqueurs. Une immensité de roses, d'œillets, de lilas, de jasmin, de muguet, et d'autres fleurs plus précieuses encore, achevaient d'orner et de parfumer ce temple des plaisirs, où se trouvait réuni pour le jour entier tout ce qui, sans avoir besoin de sortir, pouvait satisfaire à la fois et la luxure et la sensualité. Au fond de la salle, artistement placée dans une nue, se voyait l'effigie du prétendu Dieu de l'univers, sous la figure d'un vieillard. Une seconde ottomane régnait au bas de ce nuage ; et l'on y voyait différents attributs de toutes les religions de la terre, des bibles, des alcorans, des crucifix, des hosties consacrées, des reliques et autres imbécillités de cette espèces. Six cabinets voluptueux attenaient le salon, et présentaient, à ceux qui voudraient les occuper, de secrets réduits pour des plaisirs particuliers, et près d'eux de jolies garde-robes garnies de bidets et de fauteuils percés. Une belle terrasse d'orangers, couverte d'une tente, et environnée de jalousies, donnait les moyens de prendre l'air par ses adhérentes au salon ; une large banquette de terre l'entourait, et pouvait, par sa profondeur, voiler à jamais les masses que la scélératesse de ces monstres désorganiserait vraisemblablement dans l'affreux cours de ces orgies... précaution qui prouve à quel point ces libertins aiment le crime, et comme ils consentaient tacitement à le commettre tous de sang-froid.
    A dix heures précises du matin, la société se rendit au local préparé, chacun vêtu d'un costume différent, que nous allons tracer en nommant chaque acteur.
    Madame de Verneuil y parut vêtue à la manière des sultanes de Constantinople. Aucune parure sans doute n'eût autant servi sa beauté.
    Cécile, sa charmante fille, était en brun, sous le costume exact des marmottes de la vallée de Barcelonnette. On n'imagine pas les désirs qu'elle inspirait sous cet habit.
    Les attributs de l'Amour embellissaient le jeune Victor.
    Marceline était en sauvage.
    Sa jeune fille Laurette s'y voyait sous une simple simarre de gaze écrue, agréablement renouée sur les hanches et sur le sein gauche, avec de gros flots de rubans lilas ; un des tétons et la moitié de ses fesses, s'apercevaient par ce moyen. Conduisant par la main ses deux jolis enfants, presque nus, elle ressemblait à la déesse de la jeunesse, entourée des Jeux et des Ris.
    Madame de Gernande y vint sous le costume intéressant des victimes qu'on immolait au temple de Diane ; on l'eût prise pour Iphigénie.
    Justine était en soubrette, les bras nus ; agréablement couronnée de roses, et sa jolie taille bien développée.
    Dorothée se voyait sous l'habit dont les peintres caractérisent Proserpine. Ce vêtement, analogue à son caractère, était de satin couleur de feu.
    Les six plus jolis gitons de Gernande y furent introduits sous le costume de Ganymède.
    Sous celui d'Hercule et de Mars, parurent John et Constant, les deux valets de chambre de Verneuil.
    Lui, d'Esterval, Bressac et Gernande s'y montrèrent revêtus de pantalons de soie rouge, qui leur collaient exactement sur la peau, et qui les enfermaient scrupuleusement depuis la nuque du cou jusqu'aux pieds. Une ouverture ronde, artistement pratiquée par devant et par derrière, laissait à nu les fesses et leurs vits. Ils avaient beaucoup de rouge, et sur la tête un léger turban ponceau. Ils ressemblaient à des furies.
    Quatre vieilles, de soixante ans, sous l'emblème de matrones espagnoles, furent admises pour le service intérieur. Et la séance commença.
    Tout était debout, formant un demi-cercle, lorsque les maîtres parurent dans la salle. On s'agenouille dès qu'on les voit. Dorothée s'avance à eux, et leur dit :
    - Illustres et magnifiques seigneurs, tous les sujets que vous voyez ici ne s'y réunissent que pour obéir à vos ordres. La soumission la plus profonde, la résignation la plus complète, la prévenance la plus entière ; voilà ce que vous allez trouver dans tous. Ordonnez donc à vos esclaves, souverains maîtres de ces lieux ; commandez-leur, et vous les verrez aussitôt se courber dans la poussière, pour y attendre vos volontés, ou voler pour les prévenir. Multipliez vos goûts, exaltez vos penchants, ne donnez nulles bornes à vos passions : nos facultés, nos existences, nos moyens, nos vies, tout vous appartient ; vous pouvez disposer de tout. Pénétrez-vous bien de l'idée du calme dont vous allez jouir ici. Il n'est aucun mortel au monde qui osât troubler vos plaisirs, et tout ce qui vous entoure va ne s'occuper qu'à les rendre plus vifs. Franchissez donc toutes les digues ; ne respectez aucun frein. Ce ne sont pas des êtres aussi puissants que vous que de tristes préjugés populaires peuvent ou doivent enchaîner ; il n'y a de lois dans l'univers que les vôtres ; vous êtes les seuls dieux que l'on doive adorer. D'un seul mot vous pouvez nous confondre ; d'un geste, nous pulvériser ; et, le fissiez-vous même, notre dernier soupir serait encore pour vous exalter, vous chérir et vous respecter.
    Dorothée se courbe à ces mots, suce les quatre vits demande la permission de gamahucher les quatre culs ; puis, elle se retire en silence, pour attendre les ordres qui lui seront donnés.
    - Mon ami, dit Gernande à son frère, c'est pour toi que cette fête se célèbre, c'est donc à toi de commander ici ; mon neveu, sans doute, y consent ; et notre ami d'Esterval, à qui nous confierons un autre jour les rênes du gouvernement, voudra bien te les céder aujourd'hui.
    Tout le monde applaudit ; et Verneuil, revêtu de l'autorité suprême, se place en conséquence dans une espèce de trône, posé sur une estrade recouverte d'un tapis de velours cramoisi, bordé de franges d'or. Aussitôt qu'il y est, les femmes, les filles, les enfants, les garçons et les vieilles viennent humblement lui présenter leurs fesses à baiser, après trois génuflexions préalables. En sortant des mains de Verneuil, on passait successivement dans celles des trois autres amis, placés sur les fauteuils environnant le trône ; et là chacun faisait à peu près ce qu'il voulait à l'objet qui s'approchait de lui.
    - Si pendant cette première tournée, dit Verneuil, il vous prend fantaisie de soumettre à des choses plus énergiques quelques-uns des objets qui vont s'offrir à vous, pour ne pas troubler l'ordre, vous irez à l'instant vous enfermer dans un cabinet ; et, votre passion une fois apaisée, vous ramènerez l'objet dans le cercle.
    Bressac est le premier qui profite de l'avertissement ; il ne peut voir à découvert les fesses charmantes de Victor, son petit-neveu, sans désirer d'aller plus loin ; il l'entraîne dans un de ces boudoirs, pendant que d'Esterval, enthousiasmé de Cécile, va lui faire subir également les premiers feux de sa passion. Gernande en fait autant avec Laurette. Verneuil passe avec Marceline, suivie de ses deux petits enfants ; et Dorothée, à laquelle on avait accordé tous les privilèges des hommes, va s'enfermer avec Constant.
    - Mes amis, dit Verneuil en se replaçant, comme l'aveu public des voluptés où l'on s'est livré ne peut que disposer à l'embrasement général des désirs, j'exige que chacun rende compte à haute voix, et le plus en détail possible, de toutes les luxures dans lesquelles il vient de se plonger. Parlez, Gernande ; vos amis vous suivront. Souvenez-vous surtout d'écarter les gazes, de peindre à nu, et d'employer tous les mots techniques : gazons la vertu, si l'on veut, mais que le crime marche toujours à découvert.
    Gernande se lève.
    - Je me suis enfermé, dit-il, avec Laurette ; je lui ai sucé la bouche et le trou du cul ; elle a tété mon vit pendant que je lui léchais les aisselles ; j'ai sucé ses bras aux saignées ; je lui ai donné six claques sur le ventre, dont vous voyez, je crois, les empreintes ; elle a baisé mes fesses, et je l'ai forcée à gamahucher mon derrière.
    - Avez-vous bandé ?
    - Non.
    - Les titillations du plaisir ont-elles été vives ?
    - Médiocres.
    - Votre imagination s'est-elle échauffée sur des choses plus fortes ?
    - Oh ! j'en désirais d'affreuses.
    - Pourquoi ne vous y êtes-vous pas livré ?
    - Elles eussent ravi le sujet à la société ; j'ai voulu l'en laisser jouir.
    - Jetez-vous aux pieds de Gernande, Laurette, et remerciez-le de ses bontés...
    Laurette exécute ; et c'est à Bressac à répondre.
    - Je me suis enfermé avec Victor, dit-il ; je l'ai foutu en bouche ; j'ai sucé la langue au moment où mon vit quittait ses lèvres ; j'ai gamahuché son cul, et je l'ai sodomisé.
    - Avez-vous travaillé le moral ?
    - Infiniment ; il n'y a point de vertus que je n'aie détruites, point de vices que je ne lui aie fait chérir.
    - Quelle a été, dans vous, la dose de volupté ?
    - Très violente.
    - Avez-vous perdu du foutre ?
    - Non.
    - Avez-vous désiré de faire pis ?
    - Assurément.
    - Avez-vous beaucoup blasphémé en agissant ?
    - Beaucoup.
    - Votre vit est-il sorti pur ou immonde de l'anus du jeune homme ?
    - Il en est sorti plein de merde.
    - Pourquoi ne le lui avez-vous pas fait sucer ?
    - Je l'ai fait.
    - Avez-vous sucé sa bouche après ?
    - Oui.
    - En quel état est votre vit ?
    - Vous le voyez, il bande.
    - Faites entretenir cela par un giton. A vous, d'Estreval.
    - J'ai gamahuché le con de Cécile, j'y ai plongé mon vit, et suis revenu pomper le foutre que cette attaque a fait exhaler ; j'ai sucé sa bouche ; j'ai baisé ses fesses, sur lesquelles vous voyez les marques de six claques bien appuyées.
    - Avez-vous enculé ?
    - Non, je la ménageais.
    - Avez-vous désiré le cul ?
    - Oui.
    - Votre foutre a-t-il coulé ?
    - Non.
    - Votre tête s'est-elle échauffée sur cette jeune fille ?
    - Étonnamment.
    - A-t-elle baisé votre cul ?
    - Elle y a mis la langue.
    - Lui avez-vous mit le vit dans la bouche ?
    - A plusieurs reprises.
    - Quel est l'état de votre vit ?
    - Il bandaille.
    - Choisissez quelqu'un pour vous maintenir. C'est votre tour, Dorothée.
    - Je me suis fait foutre par Constant.
    - Vous l'a-t-il posé dans le cul ?
    - Oui.
    - Bandait-il bien ?
    - A merveille.
    - A-t-il déchargé ?
    - Non.
    - Où donc a-t-il perdu son foutre ?
    - Je l'ai avalé.
    - Avez-vous baisé son cul ?
    - Oui.
    - A-t-il sucé votre clitoris ?
    - Je le lui ai mis dans le derrière.
    -Vous avez désiré pis ?
    - Oh ! cent fois.
    - A mon tour maintenant, mes amis, dit Verneuil en se levant. Vous m'avez vu passer avec ma sœur Marceline, escortée de ses deux petits-enfants, fruits de mon inceste avec l'enfant de ma sœur, eh bien ! Marceline m'a fouetté, j'ai baisé le cul de mes petits-enfants, j'ai mis mon vit entre leurs cuisses, et j'ai sodomisé ma sœur.
    - Avez-vous déchargé ? dit Gernande.
    - Non.
    - Avez-vous fait baiser votre cul ?
    - Oui.
    - A-t-on sucé votre engin ?
    - Oui.
    - Votre sperme a-t-il été répandu ?
    - Non.
    - Sur quoi votre tête s'est-elle égarée ?
    - Sur des horreurs.
    - Nous promettez-vous de les exécuter ?
    - Certainement.
    - Allons, dit Verneuil, occupons-nous de choses plus sérieuses. Il faut que chacun de nous... (Dorothée, vous serez toujours comprise parmi les hommes, vous en êtes digne), il faut, dis-je, que chacun de nous aille écrire sur cette table le désir qu'il a d'une lubricité quelconque, et qu'il le signe. Ces cinq billets seront ballottés dans un calice que présentera l'une des vieilles. Dix individus que je vais désigner tireront, deux par deux, chacun de ces billets. Chaque couple échoira au signataire du billet qu'aura tiré ce couple, et satisfera la passion énoncée dans ce billet. Le hasard seul déterminera le traitement que devra subir ce couple, lequel devra toujours être assez violent, pour faire jeter des cris à l'être qui le subira.

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